Nouvelle République : Saint-Léomer devient propriétaire du site gallo-romain

Depuis mardi, le site archéologique de Mazamas appartient à la commune de Saint-Léomer. Le précédent propriétaire a accepté de s’en séparer.

Jean-Pierre Tabuteau, qui conduit son troisième et dernier mandat vient de réaliser son rêve de maire. Depuis mardi, sa commune de Saint-Léomer est officiellement propriétaire du site archéologique gallo-romain de Mazamas. L’aboutissement d’années de négociations avec le précédent propriétaire, Émile de Vezeaux de Lavergne qui est aussi celui qui a mené depuis 1964 les fouilles sur le site et a su le protéger des attaques du temps.

Le curé s’émeut du pillage des pierres
Mazamas, situé aux confins des territoires picton, lémovice et biturige, constitue un exemple rare de sanctuaire gallo-romain, installé au premier siècle avant notre ère sur un précédent site celtique. Outre le mur d’enceinte et les traces de ce qui devait être un habitat, Mazamas renferme les vestiges de deux temples gallo-romains.
Ce n’est qu’au lendemain de la dernière guerre que l’abbé Florentin Reix, curé de Saint-Léomer, s’est ému de voir les paysans du cru sortir des pierres taillées de ce terrain perdu en pleine lande. Pendant près de trente ans, à partir de 1964, Émile de Lavergne, professeur de médecine, et son épouse, entourés d’équipes de bénévoles qu’ils recrutaient eux-mêmes, ont minutieusement fouillé le site, en retirant quantité de poteries, pièces de monnaie, aujourd’hui déposées auprès du musée de Montmorillon (dont on espère connaître un jour la réouverture).

Les fouilles terminées, restait à décider de l’avenir du site. La DRAC penchait pour un enfouissement complet ayant le mérite de protéger les vestiges pour d’éventuelles nouvelles fouilles. Ni le propriétaire, ni la mairie de Saint-Léomer n’étaient d’accord pour faire disparaître ce qui constitue le patrimoine le plus ancien et le plus remarquable de la commune.

Émile de Lavergne a fait clôturer le site, poser des panneaux explicatifs pour les quelques dizaines de personnes qui s’y rendent chaque année. De son côté, la commune faisait procéder au débroussaillage régulier, ce qui n’était pas sans poser quelques problèmes de légalité, le terrain demeurant privé.

Les choses sont aujourd’hui rentrées dans l’ordre. Pour une somme très symbolique, Émile de Lavergne, aujourd’hui âgé de 92 ans, a cédé Mazamas à la commune. Celle-ci a d’ores et déjà fait aménager l’accès depuis le bourg via le hameau de Sécheaud. « On ne sait pas encore très bien ce qu’on va en faire,reconnaît Jean-Pierre Tabuteau. Mais on va certainement organiser des circuits de promenade. »Ce rachat est en tout cas une excellente nouvelle pour le site historique, classé à l’inventaire des Monuments historiques depuis 1973.

Vincent Buche

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